mardi 19 octobre 2010

ELO#23 - France - Palestine - Même combat!

PASNAS



SHADIA MANSOUR


Mardi 19 octobre 2010

Il y a un mois, je vous parlais d'une rappeuse anglo-palestinienne, Shadia Mansour. De passage dans SON pays, elle fut arrêtée et maltraitée par des policiers israéliens. La seule différence avec le quotidien des Palestiniens qui vivent là bas est qu'elle a pu en témoigner à son retour et qu'un article a été publié, puis traduit en Français:

Hip-Hop palestinien: Une artiste encerclée par 8 hommes armés dans un aéroport israélien
Big Greg, National News HOT 102.7, 26 septembre 2010, traduction : JPP
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article9394

En France, ce sont des musiciens congolais qui accompagnaient le rappeur PASNAS qui sont traités comme de la merde par les cerbères de Sarkozy et Hortefeux. L'un des deux artistes s'appelle Israel Ngangu, alors pour une fois on va défendre Israel! Mais n'oublions pas que pour un musicien, ce sont des milliers de gens ordinaires qui sont humiliés quotidiennement:

Mitterrand intervient pour éviter l'expulsion de rappeurs congolais
04/10/2010 | 10H31
http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/51630/date/2010-10-04/article/mitterrand-intervient-pour-eviter-lexpulsion-de-rappeurs-congolais/
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Encore un morceau de rap américain engagé du coté palestinien:
Invincible: People Not Places

Présentation de la rappeuse Invicible: Ilana Weaver, de Detroit est Invincible. Blanche, lesbienne, juive pro-palestinienne, et...rappeuse. De grand talent. "Invincible est un des plus talentueux emcees que j'ai jamais vu, Blanc ou Noir, homme ou femme..." Ce n'est pas son manager, mais Talib Kweli qui le dit. Les Slum Village l'encensent également. Invincible mérite ces louanges, elle qui s'est faite toute seule, refusant les compromis artistiques, préférant créer son label indé, comme une grande. Loin des majors, et du hip hop bling bling. Car son flow acéré et ses beats sombres n'ont rien de commercial. La MC, descendante underground d'Eminem, a le rap sâle et gris comme les usines de sa ville, Detroit. Et l'art de la formule ("I'm striving to be one of the best, period/ Not just one of the best with breasts and a period."). Après un passage ausein du crew féminin Anomolies de New York, la rappeuse sort son premier album sous le nom d'Invincible, ShapeShifters (septembre 2008). Le disque bénéficie des productions de la fine fleur des beatmakers locaux (Waajeed, Black Milk, Lab Techs, House Shoes...), mais aussi de featurings d'excellents rappeurs tels que Finale ou Buff1:
http://musique.fluctuat.net/invincible.html

Et une version longue de la vidéo, entrecoupée d'interviews en Palestine et ailleurs:
http://mondoweiss.net/2009/08/invincible-you-cant-disconnect-a-people-from-the-importance-of-place.html
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Petit à petit, le boycott culturel s'étend et des sites web se mettent en place, dont celui ci très bien fait:
http://www.artistsagainstapartheid.org/

Voici encore un article qui fait le point sur les artistes engagés pour la Palestine:

Des artistes brisent le silence sur la Palestine
Stefan Christoff, 4 octobre 2010, Rabble.ca, traduction : JPP
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=9495
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Pour rythmer vos pas dans les manifs, vous pouvez télécharger cette compilation dub militante:
http://dubamix.free.fr/

Pour rythmer vos soirées, après les manifs, quoi de mieux que Sharon Jones? Ici, à Nancy, avec des choristes. Bosco Mann y est remplacé à la basse par Foxy Hagar Ben Ari, et à la direction du groupe par Binky Griptite:
http://liveweb.arte.tv/fr/video/Sharon_Jones___The_Dap-Kings/
A 48 minutes, on a droit à un Everybody Needs Somebody, répété la veille, en hommage à Solomon Burke récemment disparu...

Et si vous ne l'avez pas encore vue, sa trilogie en vidéoclip:
http://www.ifc.com/news/2010/10/sharon-jones-premiere.php

mercredi 13 octobre 2010

ELO#22 - Dror parle de la France!


Mercredi 13 octobre 2010

Le racisme froid* de l'Etat Français**
DROR
Le Couac, Octobre 2010
http://www.lecouac.org/spip.php?article295

Le 16 juin dernier, Eric Woerth, ministre du Travail, présente sa « réforme » des retraites, un appauvrissement des Français déjà les plus pauvres. Le même jour, la presse révèle un conflit d’intérêt entre ce même ministre et Liliane Bettencourt, l’une des plus grosses fortunes de France. La semaine suivante, deux millions de personnes manifestent contre cet accroissement programmé des inégalités, et une autre manifestation est prévue en septembre. Ça commençait à chauffer sérieusement pour le gouvernement, il était temps de détourner l’attention...

Le 16 juillet, dans deux affaires indépendantes mais malheureusement de plus en plus fréquentes, un jeune gitan et un jeune arabe sont abattus par des flics.

Pourquoi préciser leur âge et leur « race » ? D’abord, ne soyons pas hypocrites, c’est (entre autres) pour ça qu’ils ont été tués. C’est pour ce genre de gibier que les keufs ont un permis de chasse, une licence to kill, et même des encouragements. Ensuite, parce que ce sont les autorités de l’État qui ont immédiatement généralisé : le 30 juillet, Nicolas Sarkozy enchaîne les amalgames : « La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un fonctionnaire de police (...) Les clandestins doivent être reconduits dans leur pays. Et c’est dans cet esprit d’ailleurs que j’ai demandé au ministre de l’Intérieur de mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms ». Je résume : 1) s’ils ont été tués, c’est qu’ils étaient des voyous ; 2) s’ils sont des voyous, c’est qu’ils sont d’origine étrangère ; 3) tous les maux de la France viennent traditionnellement des Arabes, auxquels s’ajoutent aujourd’hui les Roms (Gitans, Tsiganes, etc.).

Moi, j’aurais au contraire identifié le problème d’insécurité comme venant des flics, trop nombreux, trop armés et avec une trop grande propension à tirer sur tout ce qui bouge, surtout si c’est bronzé, et jeune. J’aurais réclamé le respect de la justice, c’est à dire présomption d’innocence, excuses, réparations et surtout abolition réelle et pas seulement théorique de la peine de mort. J’aurais fait attention à ne surtout pas faire d’amalgame raciste.

Mais je ne suis pas au gouvernement et, depuis deux mois, c’est le contraire qui se passe. Après ce double meurtre et la colère de la famille et des amis : ni excuses, ni réparations, mais au contraire, on accuse et on insulte les victimes, on pourchasse leurs frères, on menace de rétorsions. Pire encore, on en met certaines à exécution, on rafle, on expulse, on généralise aux cousins et même à tous ceux qui leurs ressemblent vaguement. Même Européens, on les expulsera. D’ailleurs, si leur nationalité les protège, on changera leur nationalité. Si leur âge les protège, on punira leurs parents. Et si la loi les protège, on changera la loi. On créera la notion de « bavure préventive » : tués sans inculpation, preuve ni procès, les faits et le bon sens populaire prouveront a posteriori qu’ils étaient coupables. On ajoutera une ligne dans le code pénal : « les flics ont le droit de tirer à vue sur les présumés basanés ».

Pour le moment, il faut encore aux flics une excuse. Pour l’Arabe (et Français), Karim Boudouda, ils en avaient une : il avait braqué un casino. Bien que la peine de mort n’existe plus en France, même pour braquage, les rambos ont tiré, en visant la tête. Pour le Gitan (et Français), Luigi Duquenet, il a fallu deux mois à la justice pour « mettre en doute » la version du gendarme. Il aurait pu se dire en « légitime défense », ou au moins prétendre avoir prononcé les « sommations d’usage » : qui aurait pu vérifier ? Mais il doit avoir tellement peu de neurones (hormis celle qui lui permet d’identifier un pas-d’chez-nous et celle qui lui permet d’appuyer sur la gâchette), qu’il n’a même pas été fichu de fabriquer une histoire un tout petit peu crédible, de celles dont les juges se contentent pour « classer sans suite ». Luigi a été tué latéralement, il n’y a pas eu de sommations, il ne conduisait pas, il n’était pas armé ni recherché par la police, il ne présentait donc aucun danger.

Oh, ne vous en faites pas, le poulet ne sera pas accusé de meurtre, ni même de coups et blessure, il n’aura ni punition ni blâme, il sera même probablement promu. Le gendarme qui avait assassiné en 2008 Joseph Guerdner, un Gitan français, de 7 coups de feu alors qu’il s’enfuyait à pied, menotté aux mains et aux chevilles, vient d’être acquitté. Hortefeux, Estrosi, Lefebvre, Besson et Sarkozy ne reviendront pas non plus sur leurs mensonges. La famille de Luigi, quant à elle, n’obtiendra pas réparation, mais elle pourra peut-être se réjouir que même la justice « mette en doute » qu’il ait été abattu sans aucune autre raison que celle d’être gitan...

Les Gitans et tous leurs semblables, Manouches, Tsiganes, Roms, Gens du Voyage, d’Andalousie en Inde, en passant par la Roumanie et l’Égypte, sont totalement étrangers à cette affaire, si ce n’est par d’anciens ancêtres communs et que, eux aussi, sont parfaitement innocents, non violents et légalement venus en France puisque Européens. Après l’inquisition espagnole, le nazisme allemand, le communisme des Pays de l’Est, le fascisme italien de Berlusconi, la France de Vichy et celle de Sarkozy, depuis 2002, ils continueront néanmoins à être présumés coupables de naissance. Ils continueront à occuper les médias à la rubrique insécurité, même s’ils la subissent plutôt que de la faire subir. Ils continueront à se faire expulser des lieux où ils campent, et des pays qu’ils traversent.

Tout ça pour couvrir la corruption généralisée d’un gouvernement qui, dans le même temps, démantèle consciencieusement le système social. Ce sont de vieilles recettes mortifères, qui sont remises au goût du jour dans la France d’aujourd’hui, l’Europe d’aujourd’hui, le monde d’aujourd’hui... et demain ?

DROR

*Selon l'expression de Jacques Rancière : http://www.mediapart.fr/node/92825
**Selon l'expression du Maréchal Pétain :
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gime_de_Vichy
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Dans le même journal, la France ne semble toujours pas prete à rembourser sa dette à Haiti, toujours décidée à laisser l'ile croupir dans une misère qui coute pas cher à exploiter:
Quand le CRIME paie
Isabelle Baez
Le Couac, octobre 2010
http://www.lecouac.org/spip.php?article293
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Et sinon, encore deux morceaux de Solomon Burke pour se consoler, les bien nommés What Am I Living For?, et surtout Drown In My Own Tears, de Ray Charles, dans une splendide version acoustique et précédée d'un long monologue...

lundi 11 octobre 2010

ELO#21 - King Solomon Lives!!!



Lundi 11 octobre 2010

Solomon Burke vient de mourir, l'un des dernier des géants, de l'époque de Otis Redding, Sam Cooke, Ray Charles, James Brown, Wilson Pickett, Joe Tex, Arthur Conley, Lou Rawls, Ike Turner... (il reste encore Aretha Franklin, Ben E King, Little Richard, Don Covay, Al Green, Sam Moore, Percy Sledge...?).

En 1968 il avait fait partie de la brève aventure du "Soul Clan", avec Joe Tex, Arthur Conley, Don Covay et Ben E. King. Seuls deux morceaux en étaient sortis: "Soul Meeting" et "That's How It Feels".

Il a contribué par ses nombreuses interviews à créer une histoire semi-mythique de la soul, comme en témoigne le livre Sweet Soul Music, de Peter Guralnick. Il est aussi l'auteur de nombreux tubes, dont "Everybody Needs Somebody", l'un des premiers morceau de pure Soul, dont j'avais déjà parlé dans Siné Hebdo:
http://entrelesoreilles.blogspot.com/2009/02/sine-hebdo-24-archeologie-musicale.html



Mais c'est surtout "live" qu'il donnait la mesure de son talent et de son charisme, que ce soit dans une église comme dans ce "Twelve Gates To The City", dans une salle de concert comme dans ce "I Can't Stop Loving You" ou ce "Everybody Needs Somebody" avec les Rolling Stones ou même assis, à la télé, comme dans ces morceaux plus récents: "Don't Give Up On Me" et "None Of Us Are Free".



En 2009, il donnait encore de très bons concerts comme celui ci à Porretta que j'avais couvert pour Siné Hebdo: "Celui que tout le monde attendait ne déçoit pas, il reste le meilleur entertainer dans ce style. Alors qu'il donne toujours le même show, il réussit à faire croire que celui de ce soir (comme tous les soirs) est plus spécial que les autres, et il varie les interactions avec le public, comme par exemple l'habituelle distribution de roses et de colliers. Il est entouré de son propre groupe, excellent, et de 4 femmes en robes rouges courtes (2 violonistes et 2 choristes, sa fille et sa petite fille). Assez vite la scène est envahie de fans qu'il gère admirablement bien sur son fauteuil de roi. A la fin, il est rejoint au chant par Irene Fornaciari, la fille de Zucchero, et ce dernier vient l'embrasser sur scène en coup de vent..." Setlist incomplète: Trois titres de son nouveau disque, à l'époque pas encore sorti / Diamond in Your Mind / Cry To Me / That's How I Got To Memphis / Soul Searching / The More, un morceau de Swamp Dog qu'il chante pour la première fois depuis 15 ans / Medley avec Dock of the Bay, Fa Fa Fa Fa, Stand By Me / Down in the Valley / Tonight's the Night / I Can't Stop Loving You / Deux chansons par sa 37ème petite fille (sur 90) et sa 14ème fille (sur 21)!!! / Don't Give Up On Me / I Want to Go Home / Medley avec Proud Mary, Good Golly Miss Molly et Tutti Frutti (avec Irene Fornaciari) / What a Wonderful World / Everybody Needs Somebody / When the Saints Go Marching In...
http://entrelesoreilles.blogspot.com/2009/08/sine-hebdo-51-les-vacances-de-mr-dror.html

Ce concert est visible en entier sur internet:
http://www.lepida.tv/video/Porretta-Soul-Festival-22a-Edizione-2009Solomon-Burke_360.html
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Cette même année à Porretta, j'avais aussi beaucoup apprécié la prestation de Toni Green que je vous recommande: "Robe blanche très décolletée, show très énergique et très sympathique, Toni parle beaucoup, rigole, fait participer le public et chante un répertoire bon et original. Elle rend un bel hommage à Michael Jackson en enchaînant une très belle version de A Change is Gonna Come de Sam Cooke avec la fin gospelisante de Man in the Mirror qui comporte aussi la phrase "I'm Gonna Make A Change". A noter que Toni est accompagnée, en plus du group d'Austin de Lone, du guitariste Thomas Bingham." Setlist: Soulville (Dinah) / Dr Feelgood (Aretha) / Breaking Up Somebody's Home (Ann Peebles), où elle fait danser deux excellents participants du public / A Change is Gonna Come - The Man in the Mirror (Sam Cooke - Michel Jackson) / Say A Little Prayer (Dionne) / At Last (Etta).

Visible sur internet:
http://www.lepida.tv/video/Porretta-Soul-Festival-22a-Edizione-2009Toni-Green_359.html

Vous trouverez aussi tous les concerts de Porretta 2009 et 2010 ici en cliquant sur la lettre "P":
http://www.lepida.tv/video.html

Pour l'édition 2010, je vous recommande ceux de Chick Rodgers, McKinley Moore et Lavelle White.

Dror

mercredi 6 octobre 2010

ELO#20 - BDS: Souvenez vous de ces trois lettres...

Mercredi 6 octobre 2010

Le boycott d'Israël par les artistes de Montréal fait tache d'huile
DROR
Le Courrier de Genève, Mercredi 29 Septembre 2010
http://www.lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=446969

En soutien à la lutte des Palestiniens, de plus en plus de personnalités refusent de se rendre en Israël. Une stratégie similaire à celle utilisée contre l'Afrique du Sud au temps de l'apartheid.

Les manifestations qui se sont produites en réponse aux violents bombardements sur Gaza, il y a près de deux ans, ont suscité de nouvelles initiatives non violentes visant à soutenir la lutte des Palestiniens. Parmi celles-ci, on peut citer les assignations en justice de présumés criminels de guerre israéliens, les missions civiles en Palestine pour témoigner de la brutalité de l'occupation militaire, les missions humanitaires pour rompre le blocus de Gaza ou la campagne de «boycott, désinvestissement et sanctions» (BDS) contre l'Etat israélien. Cette dernière reprend la stratégie de boycott mise en oeuvre contre l'Afrique du Sud, dans les années 1980, en dénonçant les discriminations subies par les Palestiniens, qualifiées d'apartheid. Bien que le BDS soit né d'un appel lancé par la société civile palestinienne en 2005, c'est depuis l'attaque meurtrière de l'armée israélienne sur la flottille humanitaire au large de Gaza, fin mai 2010, que la stratégie BDS a le vent en poupe. Elle affirme que chaque citoyen a un rôle à jouer: en tant que consommateur, professeur, artiste, sportif ou autre, chacun est responsable de ses actions et peut refuser celles qui renforcent le pouvoir répressif de l'Etat d'Israël. Le boycott le plus connu est celui des produits israéliens, comme les cosmétiques Ahava, ou d'entreprises européennes participant à la colonisation, comme Connex qui construit un tramway dans la partie de Jérusalem que l'Etat israélien annexe illégalement. Mais cette campagne se décline également sous d'autres formes, universitaires, sportives et culturelles. Enfin, au-delà de cette prise de conscience individuelle, le BDS est une campagne de pression, en particulier médiatique, qui permet de rappeler les violations répétées du droit international et des droits humains à l'encontre des Palestiniens.

L'exemple de Sun City

Sur le plan culturel, les initiatives s'inspirent des musiciens qui, dans les années 1980, revendiquaient qu'ils «n'iraient pas jouer à Sun City», en Afrique du Sud. Ce mouvement prend une ampleur considérable: il n'est pas une semaine sans qu'on apprenne qu'un artiste de premier plan annule un voyage prévu en Israël, profitant parfois de l'occasion pour écrire de véritables pamphlets dénonçant les conditions dans lesquelles vivent les Palestiniens, sous occupation israélienne ou en exil. Rien que cette année, l'actrice Meg Ryan, les écrivains Henning Mankell, Iain Banks et Alice Walker, les musiciens Carlos Santana, Elvis Costello, Gil Scott-Heron et les groupes The Klaxons, Gorillaz et The Pixies ont renoncé à se rendre en Israël. Pour des raisons similaires, le mois dernier, plus de 150 artistes irlandais se sont engagés par écrit à boycotter Israël, rappelant l'initiative des 500 artistes montréalais, déjà évoquée dans nos pages(1). Tout récemment, c'est le groupe anglais Massive Attack qui a rejoint ce mouvement. Son chanteur, Robert Del Naja, déclarait: «Je ne peux pas jouer en Israël alors que les Palestiniens n'ont pas accès aux mêmes droits fondamentaux que les Israéliens.»

Pétition israélienne

Même en Israël, le boycott devient un moyen jugé pertinent de s'opposer à la poursuite de la colonisation par le gouvernement d'extrême droite dirigé par Benyamin Netanyahou. Ce mois-ci, alors que certains en Europe s'opposent en particulier au boycott universitaire et culturel, 150 universitaires, écrivains, artistes et acteurs israéliens ont signé une pétition appelant à refuser de se produire dans les colonies des territoires occupés en 1967. Aux côtés d'intellectuels connus pour leur engagement contre l'occupation, tels Niv Gordon, Gideon Levy ou Shlomo Sand, on trouve des personnalités généralement plus discrètes comme l'historien Zeev Sternhell ou les écrivains renommés David Grossman, A.B. Yehoshua et Amos Oz. Alors qu'elles étaient sévèrement critiquées par le gouvernement israélien, ces personnalités ont reçu une lettre de soutien de 150 autres artistes, étasuniens et anglais, dont Vanessa Redgrave, Cynthia Nixon ou Tony Kushner.

La limitation du boycott aux seules colonies est défendue par certains groupes de solidarité qui demandent la fin de l'occupation illégale de la Cisjordanie, de Gaza, de Jérusalem-Est et du Golan, le démantèlement du Mur et la levée du blocus de Gaza. Les partisans d'un boycott total rappellent quant à eux que les discriminations touchent également les Palestiniens à l'intérieur des frontières d'Israël. Enfin, la résolution 194 de l'ONU stipule le respect et la mise en oeuvre du droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs maisons. Selon la campagne BDS, ces deux points justifient de faire pression sur les institutions israéliennes, y compris à l'intérieur des frontières de 1948: en effet, n'aurait-il pas été absurde, à l'époque de l'apartheid, de ne boycotter que les bantoustans et pas le Cap, Johannesburg ou... Sun City?

La culture est une arme utilisée de part et d'autre. L'Etat d'Israël ne s'y trompe pas, qui non seulement tente de contrer la campagne BDS, mais multiplie également les festivals, expositions et autres manifestations artistiques ou sportives pour tenter de redorer son blason. De son côté, la campagne BDS appelle à ne pas participer à ces évènements, où qu'ils aient lieu: dans les colonies, en Israël ou même en Europe. De fait, ces manifestations culturelles ne sont plus anodines: on y participe ou pas mais, dans les deux cas, la décision revêt un sens politique. Si de plus en plus d'artistes répondent positivement à l'appel au boycott, celui-ci s'adresse désormais également aux simples spectateurs, citoyens responsables...

(1) Le Courrier du 7 avril 2010.


Quelques liens:
Cinq cents artistes montréalais contre l'apartheid israélien
Cent cinquante artistes irlandais s'engagent à boycotter Israël
Cent cinquante artistes israéliens boycottent les colonies israéliennes
Cent cinquante artistes américains et anglais soutiennent les 150 artistes israéliens
Appel de l'Autorité palestinienne à boycotter les produits des colonies
Appel des Palestiniens au boycott universitaire et culturel d'Israël
Appel des Palestiniens au BDS contre Israël
Relais français de la campagne BDS internationale
Relais genevois de la campagne BDS internationale
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BDS : du boycott aux sanctions
Xavier Renou
La Mèche, mercredi 22 septembre 2010
http://lameche.org/

Avec les Désobéissants, dont il est le porte-parole, Xavier Renou apporte son soutien à une multitude de causes trop souvent négligées par les médias. La Mèche lui ouvre donc ses pages, afin qu'il y raconte les actions menées et, comme c'est le cas ici pour des militants qui soutiennent le peuple palestinien, les difficultés auxquelles les citoyens peuvent se trouver confrontés lorsqu'ils se risquent à désobéir, même pacifiquement.

Ça doit être la saison, les procès pleuvent. Bon, ça ne vous étonnera pas, les gouttes ne tombent pas sur tout le monde quand même. Même lorsque la Justice s’intéresse à eux, Woerth, ou Besson et Hortefeux, s’en tirent généralement sans accros. Mais les militants français de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS), eux, commencent à sentir le vent du boulet. La délicieuse Michèle Alliot-Marie, qui s’est déjà distinguée dans l’affaire des ultra-épiciers de Tarnac, leur a déclaré la guerre. Cette fois, ce n’est pas l’arlésienne du terrorisme qu’elle agite, mais la provocation à la discrimination et à la haine raciale, rien de moins. Le truc n’est plus très neuf, mais il marche encore : accusez, accusez, même de racisme et des militants de la solidarité, il en restera toujours quelque chose.

Faut dire qu’ils font fort, les militants de la Palestine : pour s’opposer à la vente de produits israéliens fabriqués dans les colonies, et inciter les entreprises occidentales à cesser leurs relations avec Israël, ils multiplient les intrusions ludiques et spectaculaires dans les hypermarchés Carrefour, histoire de décourager ceux-ci de vendre les fruits et légumes Jaffa et Carmel-Agrexco, auxquels il est reproché d’être directement produits sur des terres agricoles confisquées aux Palestiniens. Les magasins parfumés au cocktail pétrochimique de la chaîne Sephora ont également croisé le chemin de ces intrépides activistes qui ont convaincu pas mal de clients de se détourner des produits cosmétiques Ahava, dans la mesure où ils viennent du côté palestinien de la Mer Morte. Il arrive même que la question palestinienne s’invite chez le roi du crédit illimité et du lave-vaisselle pour nouveaux mariés, Darty : dans les magasins de cette enseigne sont vendus sous la marque allemande Brita des gazéificateurs d’eau ainsi que des accessoires fabriqués par un fournisseur israélien, Soda-Club, dont le site de production est situé à Mishor Adumin, une colonie de 35 000 habitants implantée en Cisjordanie. La liste ne serait pas complète si l’on n’évoquait pas les sympathiques chahuts organisés chez les encravatés de Dexia, la petite banque nécessiteuse à laquelle Sarkozy avait refilé trois milliards pendant la crise... accusée d’en avoir partagé une partie avec une bonne dizaine de colonies israéliennes.

En tant que telle, la campagne BDS, lancée en 2005 par 170 organisations de la société civile palestinienne, n’est pas bien différente de celle qui contribua jadis à mettre fin à l’apartheid. Aux grandes heures du racisme en short hollandais, alors que tous les gouvernements occidentaux se vautraient dans des formes plus ou moins dissimulées de soutien au régime de Pretoria, l’Europe militante, elle, s’était bougée pour boycotter les oranges Outspan et les échanges culturels et sportifs avec l’Afrique du Sud, et convaincre certaines entreprises occidentales de retirer leurs investissements. Certaines de ces entreprises font aujourd’hui l’objet de poursuites aux États-Unis pour leurs agissements aux côtés de l’apartheid...

Sauf qu’au lieu de voir Carrefour et consorts sanctionnés, ce sont les partisans du boycott qui sont aujourd’hui traînés devant les tribunaux par le gouvernement et diverses coquilles vides spécialisées dans le harcèlement judiciaire des militants de la cause palestinienne. La militante de la Ligue des droits de l’Homme de Bordeaux, Sakina Arnaud, a déjà pris 1 500 Euros d’amende en première instance, et passe en appel le 24 septembre. En octobre, on jugera des militants à Perpignan, d’autres à Paris, et même la sénatrice verte Alima Boumediene-Thiery. Le 29 novembre, c’est à Mulhouse que se poursuivra le combat judiciaire et politique pour la défense du droit à boycotter les produits issus de colonies. Pendant ce temps, la caravane humanitaire et désobéissante de l’ancien député britannique George Gallaway, Viva Palestina, traverse l’Europe en direction de Gaza, et le collectif Les Juifs européens pour une paix juste collectent de l’argent pour affréter un nouveau bateau pour Gaza. Un bateau à bord duquel n’embarqueront que des militants d’origine juive, histoire de tester les nerfs des commandos israéliens, et de donner un peu le mal de mer à une certaine Michèle Alliot-Marie, la ministre qui voit des antisémites partout...

Xavier Renou
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Carlo Santulli, directeur de La Mèche, affronte le jeune loup de l'UMP, Benjamin Lancar:
http://www.wat.tv/video/buzz-2-benjamin-lancar-vs-328vf_2exyh_.html
C'est juste les 8 premières minutes, et ce n'est pas passionant, mais ça permet de voir leurs têtes que vous ne connaissez peut-être pas...

Sinon toujours Didier Porte:
http://www.dailymotion.com/video/xf13p2_oser-insinuer-que-sarkozy-aime-les_news

Et Siné, le film:
10 octobre 20h Le Mélies (Montreuil): MOURIR ? PLUTOT CREVER ! avec Siné
13 octobre L'Espace Saint-Michel (Paris): MOURIR ? PLUTOT CREVER ! avec Siné
13 octobre Partout ailleurs: MOURIR ? PLUTOT CREVER !
Plus d'infos sur: http://www.mourirplutotcrever.com/

Désolé, pas de mp3 cette semaine...